Découvrez l'oeuvre Amor a primera vista dans l'exposition Love is Louder
Vous est-il déjà arrivé de vous sentir soudainement et irrépressiblement attiré, comme aimanté par une personne que vous venez tout juste de rencontrer ? De vivre ce moment magique où vos regards se croisent et le temps semble suspendu pour donner naissance à l’amour ? De ressentir ce besoin intense et impérieux de connexion émotionnelle et de fusion physique, tellement irrationnel qu’on le croirait prédestiné ?
Telle est la sensation puissante et mystérieuse du coup de foudre amoureux que l'artiste argentine Marta Minujín a voulu représenter dans Amor a primera vista (2007). À mi-chemin entre la peinture et la sculpture, l'œuvre est composée de matelas et de morceaux de mousse recouverts de coutil, que l’artiste assemble et peint avec des rayures aux couleurs vives. Cet amas de formes molles et organiques qui s’interpénètrent, offre une représentation abstraite et sensuelle de l'amour au premier regard. On imagine des corps qui s’enlacent, des bras et des jambes qui s’entremêlent et se fondent dans le désordre effréné de la passion.
À propos de cette œuvre, Marta Minujín déclare : « Je crois en l’amour comme je crois en l’art. Je crois au coup de foudre. Certains n'en font jamais l'expérience. Mais je me suis mariée à l'âge de 16 ans et je suis restée avec lui toute ma vie. Maintenant, il est parti. Mais je crois en l'amour ». L’amour est un sujet récurrent dans l’œuvre de cette pionnière du pop art et quoi de mieux que le matelas, avec sa consistance moelleuse et sa présence muette dans notre intimité, pour en parler ?
Déjà en 1963, immergée dans la révolution sexuelle et inspirée – dit-elle – par une minijupe à rayures colorées, Marta Minujín a abandonné les « colchones blandos » (matelas mous) usagés et a commencé à fabriquer ses propres matelas. Elle crée des sculptures molles et habitables, dans lesquelles on peut entrer, comme La chambre d'amour (1963), qui était un espace recouvert de matelas colorés où les participants étaient invités à dormir, penser, rêver et aimer. ¡Revuélquese y viva! (1964), une deuxième structure participative, n’est plus une invitation mais un impératif : « envoyez-vous en l'air et vivez ! » Elle incarne le début de l'art politique au féminin dans une Argentine conservatrice.
« Je crois en l’amour comme je crois en l’art. »
Marta Minujín, cheveux blond platine et lunettes de soleil, n'est pas seulement une artiste brillante, mais aussi un personnage impertinent et charismatique. Au cours d'une carrière longue de plus de six décennies, Minujín répond aux préoccupations de différents mouvements artistiques d'avant-garde ainsi qu’à la politique argentine et internationale avec liberté et lucidité. La quête d'un art radicalement dynamique et à vivre – « vivir en arte » est sa devise – fait de Marta Minujín une pionnière des happenings, des performances, des environnements participatifs et de l'art des médias de masse.
Des années soixante à nos jours, la diversité de ses œuvres, surprenantes et délurées, témoigne de son inépuisable créativité, mais aussi d’une foi à toute épreuve dans l’art, dans l’amour, dans la vie. Guerres, dictatures, crises économiques, qu’à cela ne tienne, l’amour, la joie et la couleur sont un parti pris, parfois pour divertir, parfois pour subvertir.
Découvrez l'oeuvre Amor a primera vista dans l'exposition Love is Louder