Publié le - Guillaume De Grieve

Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy unis par l’amour et la musique

En 2007, ils se sont croisés dans les couloirs du Conservatoire de Moscou. Depuis, Pavel Kolesnikov, le poète, et Samson Tsoy, le franc-tireur, sont inséparables. Le 1er novembre, le couple de musiciens s’installera derrière un piano à Bozar pour explorer un répertoire à quatre mains de Stravinsky et Schubert.

Les pianistes russes Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy vivent ensemble à Londres où ils ont notamment cofondé le Ragged Music Festival un événement qui vise à « créer de l’espace pour une musique authentique et audacieuse au milieu du bruit quotidien ». La Chaconne de Bach peut ainsi être présentée aux côtés des Akhmatova Songs de John Tavener, et Brahms peut côtoyer Schnittke. En 2023, Kolesnikov et Tsoy ont présenté une version itinérante de leur projet au Muziekgebouw aan ’t IJ à Amsterdam. Une tournée mondiale a suivi en 2024, comprenant notamment leurs débuts au Carnegie Hall et le tout premier concert Classical Pride au Barbican Centre de Londres. Le couple de claviéristes partage en fait bien plus qu'un simple amour de la musique.

Le domaine des duos pour piano est d’ailleurs un terrain extrêmement laborieux : les deux musiciens portent sur scène un genre éminemment domestique. De l'intime à l'extraverti, de l'intense à l'extatique, les deux trentenaires suivent les traces de Robert et Clara Schumann, Edvard et Nina Grieg ou Maurice Ravel et Ricardo Viñes. « La nature de l'instrument nous rend vraiment inséparables sur scène », explique Tsoy. « Partager un piano à quatre mains implique de penser ensemble, de respirer ensemble. C'est une forme de complicité d'un niveau exceptionnel. On ne peut pas l’atteindre sans une grande proximité. »  

C'est risqué d'être aussi proches et c'est aussi très difficile de ne pas se rendre fous mutuellement pendant les répétitions.
- Samson Tsoy

Nous pourrons apprécier l’expression de leur complicité lors de leur concert du 1er novembre. Le sacre du printemps dans la version pour piano à quatre mains de Stravinski reste un chef-d'œuvre expressionniste, même sans l'arsenal percussif ou la chorégraphie controversée. Stravinski aurait peut-être demandé l’aide de Debussy pour cette réduction pour piano. Le virtuose russe et le maître français des mélodies réunis autour d’un même piano : deux icônes contrastées. Sont-ils des exemples pour Kolesnikov et Tsoy ? Après cette première partie, les pianistes démontreront leur amour pour Franz Schubert avec le Divertissement à la hongroise et la Fantaisie en fa mineur. Schubert n'a pas seulement créé un vaste répertoire de compositions pour duo de pianos, il a également exploré et exploité toutes les possibilités de ce genre. Il revient maintenant à Kolesnikov et Tsoy de faire découvrir au public de Bozar ce véritable trésor d'idées musicales, exactement 200 ans plus tard. 

Les tournées internationales et le premier album du duo récemment sorti chez Harmonia Mundi prouvent que leurs années d'expérience portent leurs fruits. Cependant, leurs personnalités sont, semble-t-il, très différentes, et leurs styles de jeu guère comparables. Mais au lieu de se rencontrer à mi-chemin, ils se saluent depuis les extrêmes. Selon Fiona Maddocks du journal britannique The Observer, c'est précisément ce qui les rend si uniques : « Le mélange entre l'exploration poétique et introvertie de Kolesnikov et la tendance plus extravagante de Tsoy fait d'eux des partenaires idéaux. » 

Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy jouent le 1er novembre dans la Grande Salle Henry Le Bœuf. Réservez vos billets ici.