À dix-sept ans, Abel Selaocoe a décroché une bourse pour étudier au conservatoire de Manchester. Il s’est plongé dans le répertoire classique, tout en s’interrogeant sur qui il était vraiment. « À l’école, tout le monde jouait bien du violoncelle », explique Selaocoe, « quelle valeur pouvais-je donc précisément ajouter dans cette cacophonie de violoncellistes incroyables ? » Le violoncelliste et compositeur Giovanni Sollima lui a alors fait découvrir l’importance de l’improvisation et l’a encouragé à tirer parti de ses racines africaines. 

Abel Selaocoe a trouvé des âmes sœurs en la personne du violoniste Rakhi Singh et en celle d’Adam Szabo – depuis peu directeur du BBC Philharmonic Orchestra. Frustrés par le manque de diversité dans la musique classique, Singh et Szabo ont voulu étendre le répertoire. Le Manchester Collective était né. Depuis 2016, l’ensemble fait souffler un vent nouveau sur la musique classique en créant des liens entre les cultures. Un programme comme Sirocco (avec Stravinski, Haydn, de la musique traditionnelle africaine et du vieux folk danois) ne fait plus figure d’exception, mais devient la règle.

« Je crois que, pendant longtemps, les gens n’ont pas trouvé de lien entre la musique classique et les autres mondes », déclare Selaocoe. « Quand on écoute du jazz, on entend pourtant qu’un tel lien – une jonction entre les cultures – a toujours existé. Les peuples indigènes d’Amérique du Sud qui jouent de la musique traditionnelle franchissent aisément le pont qui mène au jazz. En Afrique du Sud, on observe exactement la même chose. Je pense que le moment est venu pour la musique classique de chercher elle aussi cette connexion. »  

Abel Selaocoe et le Manchester Collective sont en concert le 9 novembre 2024 dans la Grande Salle Henry Le Bœuf.