Publié le - Astrid Jansen

Daniel Kehlmann, l’Histoire à contre-jour

Daniel Kehlmann est un drôle d’écrivain, il faut s’en méfier comme de la mémoire. L’auteur germano-autrichien a acquis une renommée mondiale en faisant de l’Histoire un terrain d’interrogations. Son dernier roman, Jeux de lumière, retourne aux heures sombres du nazisme et, avec un humour acéré, éclaire des sujets graves.

Invité d'honneur à la Foire du livre de Bruxelles, Daniel Kehlmann sera à Bozar le 13 mars pour une conversation avec Nicky Aerts autour de la fiction : la création, le sentiment d'être toujours un débutant, le lien entre écriture et société, et la légèreté. Ses romans les plus connus, centrés sur des figures ou évènements historiques, ne cherchent pas la précision mais à recréer des mondes perdus. 

En 2005, il connaît un grand succès avec Les Arpenteurs du monde. Son onzième roman, Jeux de lumière — déjà best-seller en Allemagne — s’intéresse à Georg Wilhelm Pabst, réalisateur majeur de la République de Weimar, célèbre pour avoir découvert Greta Garbo et Louise Brooks. Après un échec à Hollywood, Pabst revient dans son pays natal. Tiraillé entre ses ambitions artistiques et les compromis imposés par le régime, il apparaît sympathique, tandis que Leni Riefenstahl, la cinéaste des nazis, est réduite à une caricature. Le livre explore l'art sous le totalitarisme et comment littérature et cinéma peuvent décrypter ces phénomènes, invitant à réfléchir sur l'actualité des dérives autoritaires.  

Daniel Kehlmann décrit l’atmosphère étouffante de la dictature sans tomber dans la culpabilité morale. Il expose le ridicule à l'instar d’un Lubitsch ou d’un Chaplin. Chez Kehlmann, ce n’est pas tant l’Histoire qui intéresse, mais les fêlures qu’elle révèle comme ces contorsions insensées auxquelles les contemporains se plient. Il explore les incohérences pour offrir, au final, une bonne histoire.