Qui rêve ? Qui agit ?
Poursuivant sur le thème de l'année dernière, le festival pose des questions cruciales qui résonnent dans les couloirs de la pensée afrofuturiste : osons-nous encore rêver ? Qui a le droit de rêver ? Le rêve est-il une force créatrice, un espace sécurisant et reposant ou justement un catalyseur d’actions ? An Uprising of Dreams nous met au défi de contribuer collectivement à la réappropriation des rêves en tant qu'espace de libération et de résistance.
Le discours emblématique de Martin Luther King « I have a dream » a redéfini le monde et l'avenir des personnes d'ascendance africaine. Le festival Afropolitan 2024 transcende ce même discours dans un monde où les rêves ne sont pas seulement des aspirations personnelles, mais aussi de puissants outils de transformation sociale.
Une thématique pleine de détermination
Notre société actuelle valorise et récompense la pensée rationnelle. En conséquence, les rêves sont souvent mis de côté, ou pire, l'action de rêver est découragée, en particulier par ceux qui soutiennent le statu quo. Pourquoi une société sans rêves est-elle plus facile à apprivoiser ? Cette oppression ne se manifeste pas seulement par des voies ouvertes : des personnes telles que les membres de la famille et les amis limitent également, sans le vouloir, la portée de nos rêves. Pour les groupes marginalisés, éviter de « rêver trop grand » devient un mécanisme de protection interne, car les ambitions et les désirs sont censés être réservés à quelques privilégiés bénéficiant de conditions favorables pour un avenir radieux.
Pendant quatre jours d'exploration artistique et politique, le festival Afropolitan créera un espace de discussions rêveuses. Avec des artistes, des penseurs et des interprètes, il cherchera à sortir de la dynamique de ce paradigme rationaliste dominant. L'objectif ambitieux est de récupérer l'espace de rêve dont les gens ont été privés, ainsi que les communautés sensibles qui en ressentent l'impact de la manière la plus aiguë.
Visualisation d'une vision
L'image du festival, intitulée Le Mannequin, montre une forme humaine rêveuse qui semble flotter dans l'espace. Cette illusion est renforcée par une étendue bleue, des cheveux rouges et une chemise rayée qui, ensemble, créent une symphonie visuelle.
L'artiste en question est le Camerounais Moustapha Baidi Oumarou, dont les images évoquent à la fois le cosmique et l'intime. La couleur est toujours au centre de ses œuvres, qu'il construit autour d'un pigment dense qui enchante l'œil et soigne l'âme. Comme dans Le Mannequin, il compose et livre toujours des tableaux personnels empreints de sa spiritualité.
Un programme afro-belge
Nous donnons le coup d’envoi de la soirée avec Les Envahisseurs. Représenté par les artistes multidisciplinaires Deicy et Teddy Sanches, ce duo éclectique s'inspire de l'histoire et du langage du hip-hop pour réaliser une marche à travers le Palais dans laquelle la danse, le film, le débat, le texte, les vêtements et la musique s'emparent de l'espace de manière expressive.
Ne manquez pas les échanges critiques avec Sibo Rugwiza Kanobana lors de sa visite dans le cadre de notre programme « Meet the Thinker » ! Il parlera de son nouveau livre Witte orde. Over ras, klasse en witheid. Les cinéphiles pourront se plonger dans l'univers de la réalisatrice Rosine Mbakam à l'occasion de quelques projections et d'une conversation sur son parcours cinématographique.
La scène musicale sera animée par les concerts de Dushime, Laryssa Kim et Pitcho & Musiques Nouvelles, qui mêleront les mélodies traditionnelles et contemporaines. Quant aux activités proposées aux familles, elles incluent des ateliers créatifs et des projections captivantes, parfaites pour les participants de tous âges. Parmi les autres points forts, citons la présence d’Ici Sont Les Lions, une librairie éphémère au cœur des Marolles, et un Lifestyle Market en collaboration avec Belgian Entreprenoires.
En outre, Bozar lance également un nouveau coin de jeux vidéo appelé Bozar Arcade. Le co-commissaire du projet, Laurent Mbaah alias Simlo, présente une sélection de jeux artistiques spécialement conçus pour le festival, qui jettent un pont entre les formes d'art traditionnelles et les récits numériques contemporains dans une perspective diasporique africaine.
Un événement à ne pas manquer
Au fur et à mesure que le festival se déroule, Bozar espère que vous vous sentirez encouragé à considérer les rêves non pas comme de fugaces moments d'égarement de l'esprit, mais comme des actes de rébellion contre la normalité. Venez assister au lancement du festival Afropolitan le 29 février dans le cadre de la nocturne Bozar – All Over The Palace, pour profiter d’un mélange éclectique d'art, d'interaction et de culture.