Entre Liège et Paris
La nationalité de César Franck peut faire débat. En effet, la Belgique n'existe pas encore au jour de sa naissance, à Liège le 10 décembre 1822, et l'homme passera la majeure partie de sa vie en France. Le petit César suit ses premiers cours au conservatoire de sa ville natale, avant que sa famille ne s’installe à Paris en 1835. Après quelques soucis d'ordre migratoire – il est alors impossible pour un Belge d'étudier en France –, Franck entame ses études au Conservatoire de Paris en 1837. Il vivra et travaillera dans la Ville lumière pendant le reste de sa vie, mais n'obtiendra la nationalité française qu'en 1873.
Un enfant prodige au piano devenu virtuose de l'orgue
Il n'était pas écrit que Franck deviendrait compositeur. Dès son plus jeune âge, ses talents de pianiste sont remarqués par l'œil attentif de son père. Le jeune homme s'oriente alors vers une carrière prometteuse de virtuose du piano. Consacrera-t-il sa vie à cet instrument ? Non : un désaccord survient en 1846, Franck n'appréciant plus le joug de son père sur ses activités professionnelles. Il délaisse alors les touches du piano pour celles de l'orgue, et occupe bientôt des postes importants dans diverses églises, le plus notoire étant celui d'organiste de l'église Sainte-Clotilde de Paris.
Une œuvre aussi menue que riche
César Franck mène une vie de musicien et d'enseignant bien remplie, d'où son œuvre relativement peu abondante. Durant ses jeunes années, il s'intéresse timidement à la musique de salon et écrit quelques compositions plus importantes comme son Trio pour piano, op. 1 et son oratorio Ruth. Ce n'est qu'au cours des 15 dernières années qu'il composera un chef-d'œuvre après l'autre, notamment son Quintette pour piano (1879), sa Sonate pour violon (1886) et sa Symphonie en ré (1887). À plus grande échelle, il s'attaque à son opéra Hulda (1885) ou à l'oratorio Les Béatitudes (1869), qu'il considérera lui-même comme son magnum opus.
Style musical
César Franck était fasciné par l'opéra Tristan und Isolde de Richard Wagner. Aussi, ses œuvres tardives, en particulier, baignent-elles dans des atmosphères harmoniques débordant de tension. Mais plus encore que cette richesse harmonique, c'est la forme dite cyclique qui est ici remarquable. Comme Beethoven et Berlioz, mais surtout Liszt, la composition de Franck permet à un motif musical de revenir à plusieurs reprises et sous diverses formes dans les différentes parties de son œuvre. Autrement dit, Franck construit son œuvre à partir de petites cellules motiviques qu'il laisse également s'exprimer, de manière variée, dans les autres parties. Cette écriture s'entend tout particulièrement dans son Quintette pour piano et cordes et sa Symphonie en ré.
La bande à Franck
La façon de composer de César Franck lui vaudra de nombreux admirateurs. Des compositeurs lui emboîtent alors le pas, tels Vincent d’Indy, Henri Duparc ou Ernest Chausson. Les membres de la « bande à Franck » deviennent ses plus ardents admirateurs et défendent son œuvre avec passion. Une adoration dont témoigne la citation suivante de Vincent d'Indy, avec laquelle il ouvre son étude sur le compositeur en 1906 :
« À l’époque précise où le géant de la symphonie, Ludwig van Beethoven, venait de mettre la dernière main au manuscrit de celle de ses œuvres qu’il tenait lui-même et avec raison pour la plus parfaite, la sublime Messe solennelle en ré majeur, à cette date du 10 décembre 1822 naissait à Liège celui qui était appelé à devenir, dans l’art religieux aussi bien que dans l’ordre symphonique, le véritable successeur du maître de Bonn. »