La galerie souterraine
Peut-être l’ignoriez-vous, mais le métro bruxellois abrite les œuvres de toute une série d’artistes, dont Raoul de Keyser et Stephan Vanfleteren. Vive la Sociale (1976) de Roger Raveel, exposée dans la station de Mérode, est peut-être bien l’une des pièces les plus remarquables de ce musée vivant. Cette fresque monumentale est visible à quelques arrêts seulement de Bruxelles-Central. Qu’ils le veuillent ou non, impossible pour les nombreux passants de ne pas remarquer cette œuvre, qui absorbe complètement la réalité. On y découvre notamment les influences de deux autres grands maîtres belges, James Ensor et Jan Van Eyck.
La terriblement belle vie
En longeant le Palais des Beaux-Arts sur la rue Royale, vous découvrirez deux reproductions de peintures monumentales de Raveel. Les œuvres originales sont visibles dans l’exposition. De par sa monumentalité, La terriblement belle vie sort de son cadre et envahit la réalité. Raveel a insufflé de la vie dans ce tableau non seulement à travers ses dimensions, mais aussi par sa conception. L’expression « insuffler vie » est à prendre au sens littéral puisqu’en 1965, il avait installé deux canaris vivants dans la cage.
Un cortège de peintures
L’autre reproduction grandeur nature porte un titre approprié : Le cortège de peintures de 1978 de Machelen-sur-Lys. Il s’agit d’une performance imaginaire sur toile. Tout comme l’œuvre exposée à Mérode, celle-ci est un clin-d’œil à l’une des sources d’inspiration de Raveel : Piet Mondriaan. Si vous observez bien, vous verrez aussi parmi toutes les peintures contemporaines représentées une référence à une œuvre mythique de l’histoire de l’art : le fameux Baiser de Judas de Giotto.
Le vrai cortège
En 1990, la machine – ou plutôt : la penderie – s’est mise en marche. Raveel est descendu dans la rue avec une penderie peinte et montée sur roues et a dévalé le Mont des Arts, à Bruxelles, du Palais des Beaux-Arts à la Grand-Place. La performance avait pour but de commémorer le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale et a été baptisée Le sens du non-sens. Un temps fort dans la carrière de Raveel, dont l’art était ainsi complètement sorti du cadre de la toile.
Vous pouvez découvrir Roger Raveel, une rétrospective jusqu’au 21 juillet à Bozar.