Het Collectief
6 Fév.'25
- 20:00
Les Brigittines

Morton Feldman (1926-1987)
Crippled Symmetry (1983)
Concert sans pause
Durée : 90'
Feldman – Crippled Symmetry
« Existe-t-il en musique quelque chose qui, par exemple, efface vraiment tout ? Qui fait simplement tout disparaître ? » se demande Morton Feldman. Le compositeur américain, avec sa musique épurée et déroutante, fait déjà une tentative honorable.
Dans Crippled Symmetry (1993), Feldman déploie un vaste paysage méditatif avec un minimum de moyens. D'une durée de quatre-vingt-dix minutes, ce trio pour flûte, percussion et piano - écrit pour son propre ensemble, Morton Feldman and Soloists - est typique du style tardif du compositeur. En effet, à partir de la fin des années 1970, Feldman déconstruit complètement la forme de ses œuvres. Dès lors, lui-même ne parle plus de forme, mais pense en termes d'« échelle » (« scale »). « Avant, mes œuvres étaient comme des objets ; maintenant, ce sont des choses évolutives », affirme Feldman. Crippled Symmetry a été créée la même année que String Quartet II, une œuvre monumentale qui dure pas moins de cinq heures et demie. Dans ces compositions très espacées, la notion de temps se dissout complètement. Même dans For Philip Guston (1984), écrite pour la même instrumentation que Crippled Symmetry, Feldman bouleverse magistralement le temps. Durée : 4 heures. Avec Why Patterns? (1978), Feldman s'était déjà aventuré une première fois dans cette instrumentation unique.
Bien que Crippled Symmetry et d'autres pièces tardives semblent se perdre dans des méandres presque improvisés, tout est noté avec une grande précision. Cela contraste avec les premières œuvres de Feldman des années 1950 et 1960, où le compositeur expérimentait fréquemment la notation (graphique). Une rencontre avec John Cage en 1950 a eu une influence décisive. Les deux compositeurs se sont rencontrés après une représentation de la Symphonie, op. 21 d'Anton Webern. Tous deux s'étaient levés, irrités par la réaction du public et émus par ce qu'ils avaient entendu, ils ne voulaient rien entendre d'autre (plus loin dans le programme, il y avait Rachmaninov). Le duo se lie rapidement d'amitié et, par l'intermédiaire de Cage, Feldman s'intègre à la scène artistique new-yorkaise, avec des compositeurs comme Earle Brown et Christian Wolff, mais aussi de nombreux peintres, dont Jackson Pollock, Jasper Johns, Robert Rauschenberg et Philip Guston, avec qui Feldman est très ami. La peinture l'a profondément influencé : « La musique peut atteindre certains aspects de l'immobilité, ou l'illusion de celle-ci. Le degré de stase que l'on trouve dans un Rothko ou un Guston sont peut-être les éléments les plus importants que j'ai repris de la peinture dans ma musique ».
Une autre influence est également perceptible dans Crippled Symmetry : celle des tapis anatoliens. Feldman a été intrigué par leur symétrie seulement apparente. En effet, en y regardant de plus près, leurs motifs semblent contenir de nombreuses petites déviations. Le titre de la pièce y fait allusion et révèle immédiatement beaucoup de choses : Feldman joue avec des motifs chromatiques simples, des notes et des accords répétés, avec des formes rythmiques qu'il varie toujours de manière extrêmement subtile. Il est rare qu'une répétition soit exacte. Les quatre premières notes de la flûte sonnent ainsi pendant quatre minutes dans de nombreuses longueurs et rythmes différents. Lorsqu'un motif est épuisé, un nouveau motif le remplace, souvent de manière très discrète.
Cette symétrie « boiteuse » est due à un manque de synchronisation entre les différentes parties. Bien que celles-ci soient entièrement écrites, leur coordination exacte n'est pas fixée. Ce n'est d'ailleurs pas possible. En effet, chaque musicien suit une partition qui diffère grandement des autres en termes de rythme et de structure, et donc aussi en termes de longueur. Par exemple, dans les premières mesures, le flûtiste passe de 4/8, 5/8, 7/16, 3/4 ; le percussionniste alterne entre 5/16, 6/16, 7/16, 8/16 ; et le pianiste passe de 3/4 à 3/8, 4/4 et 4/8. Le critique et compositeur Kyle Gann voit dans cette notation musicale idiosyncrasique un « acte délibéré de désobéissance civile », une protestation contre l'idée de professionnalisation, de notation musicale aussi parfaite et claire que possible. Jan Williams, percussionniste des Feldman's Soloists, donne une autre explication à cette notation : Feldman avait une si mauvaise vue qu'il aimait avoir sa propre partie (de piano) pendant l'interprétation, afin d'éviter d'avoir à se synchroniser avec les autres musiciens, ce qui a conduit à trois « solos ».
L'absence d'alignement précis des parties fait que chaque motif résonne toujours avec une cohérence légèrement différente. Le matériel musical dépouillé de Feldman gagne ainsi énormément en richesse et en profondeur. Des idées simples, comme des notes répétées ou des gammes ascendantes, prennent également un caractère aliénant de cette manière et sonnent parfois comme si elles étaient nouvelles.
La couleur du son, un aspect auquel Feldman a toujours accordé une grande attention, est également mise en évidence. Il choisissait ses timbres instinctivement, mais en même temps avec une « précision fanatique », selon John Rockwell. Dans cette pièce, Feldman a créé un univers sonore incomparable à partir de trois paires d'instruments : une flûte et une flûte basse, un piano et un célesta, un glockenspiel et un vibraphone. Par conséquent, les différents motifs se greffent sur ces instruments et leur sonorité spécifique - sur le fondu du piano, sur le son délicat du célesta qui se fond dans la percussion, et sur la façon dont les sons de flûte soudains peuvent prendre un caractère presque percussif.
Feldman ne se préoccupe pas de construire des structures sonores complexes, rejetant ainsi un autre dogme de l'avant-garde d'après-guerre : celui du strict structuralisme. À l'objectivité, il oppose l'intuition et présente le son comme un son : « Mon expérience passée consistait à ne pas interférer avec le matériau, mais à utiliser ma concentration comme un guide de ce qui pourrait se produire. C'est ce que j'ai dit un jour à Stockhausen lorsqu'il m'a demandé quel était mon secret. “Je ne pousse pas les sons dans tous les sens.” Stockhausen y a réfléchi et m'a demandé : “Même pas un tout petit peu ?” ».
Cedric Feys
Het Collectief
Het Collectief est un ensemble de chambristes fondé en 1998 à Bruxelles. Travaillant avec un noyau fixe de cinq musiciens, le groupe s’est forgé un son très reconnaissable, caractérisé par un mélange inhabituel d’instruments à vents, de cordes et de piano.
Dans son répertoire, Het Collectief remonte aux sources du modernisme, c’est-à-dire la Seconde École de Vienne. S’appuyant sur cette base solide, Het Collectief explore les œuvres significatives du vingtième siècle, sans fuir les courants expérimentaux tout récents. En outre, le groupe fait fureur avec ses ‘crossovers’ de musique contemporaine et traditionnelle et avec ses adaptations de musique ancienne.
Het Collectief se produit très régulièrement en Belgique et s’est fait acclamer lors de productions aux Pays-Bas, en France, Suisse, en Allemagne, en Autriche, au Royaume-Uni, en Pologne, en France, en Espagne, à Malte, au Chypre, en Lituanie, en Lettonie, en Ukraine et en Amérique du Sud (en Pérou et au Brésil) et en Asie (à Hong Kong).
flûte
Toon Fret
percussion
Tom de Cock
piano
Thomas Dieltjens
Bozar Maecenas
Prince et Princesse de Chimay • Barones Michèle Galle-Sioen • Monsieur et Madame Laurent Legein • Madame Heike Müller • Monsieur et Madame Dominique Peninon • Monsieur et Madame Antoine Winckler • Chevalier Godefroid de Wouters d'Oplinter
Bozar Honorary Patrons
Comte Etienne Davignon • Madame Léo Goldschmidt
Bozar Patrons
Monsieur et Madame Charles Adriaenssen • Madame Marie-Louise Angenent • Comtesse Laurence d'Aramon • Comte Gabriel Armand • Monsieur Jean-François Bellis • Baron et Baronne Berghmans • Monsieur Tony Bernard • De heer Stefaan Bettens • Monsieur Philippe Bioul • Mevrouw Roger Blanpain-Bruggeman • Madame Laurette Blondeel • Comte et Comtesse Boël • Monsieur et Madame Thierry Bouckaert • Madame Anny Cailloux • Madame Valérie Cardon de Lichtbuer • Madame Catherine Carniaux • Monsieur Jim Cloos et Madame Véronique Arnault • Mevrouw Chris Cooleman • Monsieur et Madame Jean Courtin • De heer en mevrouw Géry Daeninck • Monsieur et Madame Denis Dalibot • Madame Bernard Darty • Monsieur Jimmy Davignon • De heer en mevrouw Philippe De Baere • De heer Frederic Depoortere en mevrouw Ingrid Rossi • Monsieur Patrick Derom • Madame Louise Descamps • De heer Bernard Dubois • Mevrouw Sylvie Dubois • Madame Dominique Eickhoff • Baron et Baronne William Frère • De heer Frederick Gordts • Comte et Comtesse Bernard de Grunne • Madame Nathalie Guiot • De heer en mevrouw Philippe Haspeslagh - Van den Poel • Madame Susanne Hinrichs et Monsieur Peter Klein • Monsieur Jean-Pierre Hoa • De heer Xavier Hufkens • Madame Bonno H. Hylkema • Madame Fernand Jacquet • Baron Edouard Janssen • Madame Elisabeth Jongen • Monsieur et Madame Jean-Louis Joris • Monsieur et Madame Adnan Kandyoti • Monsieur et Madame Claude Kandyoti • Monsieur Sander Kashiva • Monsieur Sam Kestens • Monsieur et Madame Klaus Körner • Madame Marleen Lammerant • Monsieur Pierre Lebeau • Baron Andreas de Leenheer ✝ • Monsieur et Madame François Legein • Madame Gérald Leprince Jungbluth • Monsieur Xavier Letizia • De heer en mevrouw Thomas Leysen • Monsieur Bruno van Lierde • Madame Florence Lippens • Monsieur et Madame Clive Llewellyn • Monsieur et Madame Thierry Lorang • Madame Olga Machiels-Osterrieth • De heer Peter Maenhout • De heer en mevrouw Jean-Pierre en Ine Mariën • De heer en mevrouw Frederic Martens • Monsieur Yves-Loïc Martin • Monsieur et Madame Dominique Mathieu-Defforey • Madame Luc Mikolajczak • De heer en mevrouw Frank Monstrey • Madame Philippine de Montalembert • Madame Nelson • Monsieur Laurent Pampfer • Famille Philippson • Monsieur Gérard Philippson • Madame Jean Pelfrène-Piqueray • Madame Marie-Caroline Plaquet • Madame Lucia Recalde Langarica • Madame Hermine Rédélé-Siegrist • Monsieur Bernard Respaut • Madame Fabienne Richard • Madame Elisabetta Righini • Monsieur et Madame Frédéric Samama • Monsieur Grégoire Schöller • Monsieur et Madame Philippe Schöller • Monsieur et Madame Hans C. Schwab • Monsieur et Madame Tommaso Setari • Madame Gaëlle Siegrist-Mendelssohn • Monsieur et Madame Olivier Solanet • Monsieur Eric Speeckaert • Monsieur Jean-Charles Speeckaert • Vicomte Philippe de Spoelberch et Madame Daphné Lippitt • Madame Anne-Véronique Stainier • De heer Karl Stas • Monsieur et Madame Philippe Stoclet • De heer en mevrouw Coen Teulings • Messieurs Oliver Toegemann et Bernard Slegten • Monsieur et Madame Philippe Tournay • Monsieur Jean-Christophe Troussel • Monsieur et Madame Xavier Van Campenhout • Mevrouw Yung Shin Van Der Sype • Mevrouw Barbara Van Der Wee en de heer Paul Lievevrouw • De heer Koen Van Loo • De heer en mevrouw Anton Van Rossum • Monsieur et Madame Guy Viellevigne • De heer Johan Van Wassenhove • Monsieur et Madame Michel Wajs-Goldschmidt • Monsieur et Madame Albert Wastiaux • Monsieur Luc Willame • Monsieur Robert Willocx ✝ • Monsieur et Madame Bernard Woronoff • Monsieur et Madame Jacques Zucker • Zita, maison d'art et d'âme
Bozar Circle
Monsieur et Madame Paul Bosmans • Monsieur et Madame Paul De Groote • De heer Stefaan Sonck Thiebaut • Madame France Soubeyran • De heer en mevrouw Remi en Evelyne Van Den Broeck
Bozar Young Circle
Mademoiselle Floriana André • Docteur Amine Benyakoub • Mevrouw Sofie Bouckenooghe • Monsieur Matteo Cervi • Monsieur Rodolphe Dulait • Monsieur Avi Goldstein • Monsieur Rodolphe Dulait • Monsieur et Madame Melhan-Gam • Dokter Bram Peeters • Monsieur Lucas Van Molle • Monsieur et Madame Clément et Caroline Vey-Werny • Madame Cory Zhang