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Amsterdam Baroque Orchestra
24 Oct.'24
- 20:00
Salle Henry Le Bœuf
Georg Friedrich Haendel
(1685-1759)
Esther, HWV 50a (1718) et 50b (1732)
- Acte I: (55’)
- Acte II: (25’)
Pause
- Acte III (35’)
Durée : 135'
Esther de Haendel : du masque à l’oratorio
Le 19 avril 1732, le London Daily Journal publia l'annonce suivante : « Sur ordre de sa majesté, l'histoire sacrée d'Esther sera jouée sous la forme d’un oratorio en anglais au King's Theatre à Hay-Market le mardi 2 mai. La musique, déjà composée par monsieur Haendel, a été révisée et enrichie par lui-même. Elle sera interprétée par une pléiade des meilleures voix et instrumentistes ».
Aussi célèbre que soit Haendel, son oratorio Esther est, contre toute attente, rarement joué aujourd'hui. Aujourd'hui, nous connaissons Georg Friedrich Haendel comme le compositeur du Messie et d'autres oratorios, comme le brillant créateur de plus de quarante opéras italiens, comme l'auteur de la Water Music et de la Music for the Royal Fireworks. Nous le connaissons comme l'Allemand qui passa plusieurs années en Italie avant de s'installer à Londres en 1712, où il changea son nom en George Frideric Handel et mourut des décennies plus tard, riche et célèbre. Ou comme le brillant collègue de Bach, qu'il ne rencontra jamais mais dont il partagea l’ophtalmologiste… avec les conséquences funestes que l'on sait pour les deux compositeurs.
Esther entra dans l'histoire de la musique comme le tout premier oratorio anglais, mais il ne prit cette forme que dans la version de 1732 : dans la version originale de 1718, Esther est un masque, une sorte de drame de chambre mis en musique. Les deux versions tirent leur matériel narratif de la Bible et racontent l'histoire de l'Israélite Esther qui, en tant que reine de Perse, sauve son peuple d'un massacre brutal. Haendel n'utilisa pas directement le texte biblique, mais un livret attribué tantôt à Alexander Pope, tantôt à John Arbuthnot, et basé à son tour sur la traduction anglaise par Thomas Brereton d'Esther : tragédie tirée de l'écriture sainte de Jean Racine (1689).
Dans l'introduction de sa pièce, Racine écrit que son intention est, « comme dans les anciennes tragédies grecques, de relier le chœur et le chant à l'action et d’utiliser, pour chanter les louanges du vrai Dieu, la section du chœur que les païens [c'est-à-dire les dramaturges classiques] employaient pour chanter les louanges de leurs fausses divinités ».
On sait peu de choses sur les circonstances dans lesquelles Esther de Haendel vit le jour. C'est peut-être la déclaration d'intention de Racine qui incita le compositeur à transformer Esther en masque. Cette première version fut jouée pour le duc de Chandos à Cannons en 1718.
Pour certains passages, Haendel reprend la musique de sa Passion selon Brockes (1716). Les arias reçoivent la forme da capo (ABA) familière à l'opéra, mais Haendel les traite avec une plus grande flexibilité en les reliant notamment à des passages choraux. Le chœur, à son tour, est utilisé pour représenter les différents peuples de l'histoire, un trait que Haendel utilisera de manière convaincante dans ses oratorios ultérieurs. Il apparaît d'abord comme un groupe d'officiers perses assoiffés de sang puis, pendant la majeure partie de l'histoire, joue le rôle des Israélites persécutés.
Après la première représentation en 1718 et une révision en 1720, Esther fut à nouveau tiré de la poussière à partir de 1732. Ces nouvelles productions aboutirent à la modernisation et à la mise en forme définitive du genre de l'oratorio.
À l’occasion de l'anniversaire du compositeur, Bernard Gates, le « maître des enfants » de la chapelle royale, organisa la première des trois représentations privées d'Esther à la Crown and Anchor Tavern de Londres le 23 février 1732. Celles-ci furent suivies d'une première représentation publique le 20 avril, mais sans le consentement de Haendel.
Haendel réagit en révisant et en développant son œuvre en profondeur. Comme l’indique l’annonce, la nouvelle version « autorisée » fut créée au King's Theatre à peine deux semaines plus tard. Haendel y avait ajouté à la fois des passages musicaux nouvellement composés et des extraits d'autres compositions (notamment des Coronation Anthems, 1727), accompagnés d'un nouveau texte. Il avait également adapté le rôle d'Assuérus pour le célèbre castrat Senesino. Doté de son savoir-faire habituel, Haendel mit tout en œuvre pour que l'histoire produise un effet maximal : une orchestration colorée, des arias virtuoses et un chœur final triomphant.
Alors que les représentations privées étaient mises en scène, la représentation au King's Theatre se déroula sans mise en scène : en effet, à l'époque, il était interdit de représenter des histoires bibliques sur des scènes publiques. Par précaution, Haendel le mentionna d'ailleurs dans l'annonce : « Aucune action ne sera visible sur scène, mais les lieux seront convenablement aménagés pour accueillir le public ».
Esther a encore été donné à plusieurs reprises entre 1732 et 1757. Les représentations à Covent Garden en 1735 étaient même accompagnées, durant les pauses, de concertos pour orgue avec, plus que probablement, Haendel lui-même au poste de soliste.
- L'ouverture en trois parties commence prudemment, avec un Andante et un Larghetto, avant d'éclater dans un Allegro exubérant.
- Dans le récitatif Tis greater far to spare, le masque met d'emblée le peuple juif devant un fait accompli en annonçant que « toute la race juive saignera ». Pendant une demi-heure, la version oratorio prépare émotionnellement l'auditeur à ces paroles cruelles.
- Tout est bien qui finit bien : le chœur final prend la forme d’un triomphe retentissant, accompagné de timbales et trompettes. Du Haendel dans toute sa splendeur.
Pieter Mannaerts (traduit par Judith Hoorens)
Acte I
Esther et son père adoptif Mardochée se réjouissent qu'Esther soit devenue reine de Perse. Le premier ministre Haman se sent offensé par le refus de Mardochée de lui obéir pour des raisons religieuses et persuade le roi Assuérus d'ordonner l'extermination de tous les Juifs de son royaume. Mardochée doit annoncer l'horrible nouvelle au peuple.
Acte II
Mardochée demande à Esther de convaincre le roi de revenir sur sa décision, mais elle n'a pas le droit d'approcher le roi sans son initiative, sous peine de mort. Après les supplications de Mardochée, elle décide de prendre le risque. Lors de la confrontation, Assuérus est mécontent et Esther s'évanouit. Le chœur remarque que ses charmes finiront par faire fondre le cœur du roi.
Acte III
Mardochée et le peuple juif comptent sur l'intervention d'Esther. Assuérus veut donner à Esther tout ce qu'elle demande. Esther révèle son ascendance juive, elle dit au roi que l'ordre d'extermination était l'idée d'Haman, pour l'éliminer, ainsi que Mardochée, qui avait auparavant sauvé la vie du roi. Le roi est choqué et ordonne l'exécution d'Haman. Haman demande à Esther de lui pardonner, mais elle le méprise. Les Juifs remercient Dieu par des chants de louange pour leur salut.
Ton Koopman
direction musicale
L’organiste, claveciniste et chef d’orchestre Ton Koopman est le fondateur de l’Amsterdam Baroque Orchestra (1979) & Choir (1992), qui a rapidement atteint une renommée mondiale, maîtrisant un répertoire allant de compositions du haut baroque au classicisme tardif. L’ensemble s’est produit dans les principales salles de concert européennes, ainsi qu’à New York et à Tokyo. Ton Koopman donne également des récitals en solo, au clavecin et à l’orgue. En tant que chef invité, il a dirigé des œuvres issues du romantisme précoce avec des orchestres prestigieux, tels que le Berliner Philharmoniker, le New York Philharmonic, le Koninklijk Concertgebouworkest, le Cleveland Orchestra… Ses nombreux albums sont parus sur divers labels ; en 2003, il fonde son propre label : Antoine Marchand (distribué par Challenge Classics). Signalons le coffret Johann Sebastian Bach : Complete Cantatas, enregistré avec son ensemble entre 1994 et 2004 (Echo Klassik, BBC Award 2008, Prix Hector Berlioz), ainsi que le coffret Dieterich Buxtehude : Opera Omnia, sorti en 2014. Ton Koopman s’est également chargé de nouvelles éditions de musique, de Händel entre autres. Il a reçu le Prix Bach de la ville de Leipzig (2006), le prix Buxtehude de la ville de Lübeck (2012) et le Prix néerlandais Edison Oeuvre Award (2017). Il est professeur émérite de musicologie à l’université de Leiden, membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres et directeur artistique du festival de musique français Itinéraire Baroque. Depuis 2019, il est le président de la fondation Bach-Archiv Leipzig.
Julia Lezhneva
Esther (soprano)
La soprano russe Julia Lezhneva a étudié le chant à Moscou et à Cardiff et a suivi des cours de maître avec Kiri Te Kanawa et Rebecca Evans, entre autres. Depuis, elle s'est construit une impressionnante carrière internationale. Lezhneva a travaillé avec des chefs d'orchestre de premier plan tels que Paavo Järvi et Vladimir Jurowski et s'est produite avec des orchestres tels que l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, l'Orchestre Mariinsky et l'Orchestre symphonique de Seattle. Au Staatsoper de Hambourg, on l'a entendue dans les rôles de Morgana (Alcina), Rosina (Il barbiere di Siviglia) et de Poppea dans Agrippina de Haendel . Parmi ses autres rôles figurent Angelica (Orlando furioso), Susanna et Barbarina (Le nozze di Figaro), et Zerlina (Don Giovanni) avec laquelle elle a eu du succès pendant la Mozartwoche en 2023.
Maarten Engeltjes
Assuérus / Mardochée (contre-ténor)
Maarten Engeltjes chante depuis l'âge de quatre ans en tant que jeune soprano. À seize ans, Maarten a fait ses débuts en tant que contre-ténor dans la Passion selon saint Matthieu de Bach. Il a ensuite donné de nombreux concerts dans son pays et à l'étranger. Depuis des années, Engeltjes est un contre-ténor très demandé et travaille régulièrement avec des chefs d'orchestre tels que Ton Koopman, Vladimir Jurowski, Peter Dijkstra et Jordi Savall. Ses prochains engagements comprennent un cycle Bach de sept ans avec Les Arts Florissants, Israël en Égypte de Haendel avec le NDR Choir et Le Messie de Haendel avec l'Orchestre philharmonique de New York. Engeltjes a enregistré deux albums avec son propre orchestre baroque PRJCT Amsterdam pour Sony Classical.
Andreas Wolf
Harman (basse)
Après avoir étudié avec Heiner Eckels et Thomas Quasthoff, Andreas Wolf s'est profilé comme un interprète de Haendel et de Bach par excellence grâce à des concerts à la Philharmonie de Paris, au Barbican Center de Londres et au Lincoln Center de New York. Parmi ses engagements récents à l'opéra, citons Così fan tutte de Mozart au Teatro Real de Madrid, à La Monnaie de Bruxelles et aux Wiener Festwochen, ainsi que Don Giovanni à La Monnaie et au Staatstheater de Stuttgart. Wolf entretient une relation étroite avec le Staatsoper München : il s'y est produit dans Carmen de Bizet, Ariadne auf Naxos de Richard Strauss et Die Gezeichneten de Schreker, entre autres.
Amsterdam Baroque Orchestra
Ton Koopman a fondé l’Orchestre Baroque d’Amsterdam en 1979. L’Ensemble est composé de spécialistes du baroque de renommée internationale qui se rencontrent plusieurs fois par an et travaillent ensemble pour préparer et interpréter de nouveaux programmes. L’Amsterdam Baroque Choir (ABC) a été fondé en 1992 et a fait ses débuts lors du Festival hollandais de musique ancienne à Utrecht, interprétant la première mondiale du Requiem (à 15 voix) et des Vêpres (à 32 voix) de Biber. L’enregistrement de ces deux œuvres a remporté le Cannes Classical Award pour la meilleure interprétation de musique chorale des XVIIe et XVIIIe siècles. En 1994, Ton Koopman, l’orchestre et le chœur se sont lancés dans l’enregistrement intégral des cantates de Bach. Koopman et son ensemble ont reçu le Deutsche Schallplatten-Preis Echo Klassik pour ce projet extraordinaire. Ils ont par ailleurs enregistré toutes les œuvres majeures du baroque et de la musique classique et ont été récompensés par les distinctions les plus marquantes comme le BBC Award ou l’Echo Klassik Award.
premier violon
Catherine Manson
Joseph Tan
Elana Cooper
Anna Ryu
Lorena Padron
Elin Eriksson
second violon
Tomoe Badiarova
Marc Cooper
Liesbeth Nijs
Chiara Zanisi
Rie Kimura
John Wilson Meyer
alto
Annemarie Kosten-Dür
Marta Jimenez
violoncelle
Werner Matzke
Cassandra Luckhardt
Diederik van Dijk
contrebasse
Michele Zeoli
hautbois
Antoine Torunckzyk
Maria Jesus Moreno
basson
Wouter Verschuren
William Gough
cor
Christopher Price
Fabio Forgiarini
trompette
Amir Rabinovitz
Jonathan Impett
Christopher Price
timpani
Luuk Nagtegaal
harpe
Emma Huijsser
clavecin
Edoardo Valorz
soprano
Susan Jonkers
Amelia Berridge
Francesca Calero
Maria Goetze
Rozemarijn Kalis
Merel van Geest
Bethany Shepherd
alto
Iris Bouman
Hebe de Champeaux
Jonathan de Ceuster
Rob Cuppens
Kaspar Kröner
Bart Uvyn
ténor
Kieran White
Martí Doñate
Chris Postuma
Peter di Toro
Emanuele Petracco
Guido Groenland
Henk Gunneman
basse
Martijn de Graaf Bierbrauwer
Andreas Goetze
Hidde Kleikamp
Jasper Schweppe
Michiel Meijer
5 Nov.'24 - 19:00
Cecilia Bartoli & Les Musiciens du Prince - Monaco
Gluck: Orfeo ed Euridice
3 Dec.'24 - 20:00
Alexander Chance & Toby Carr
Love and Loss
12 Dec.'24 - 20:00
Akademie für Alte Musik Berlin
Bach: Magnificat
10 Jan.'25 - 20:00
Jordi Savall & Hespèrion XXI
Un Mar de Músicas
24 Feb.'25 - 20:00
Graindelavoix & Jan Michiels
Epitaphs of Afterwardness
14 Maa.'25 - 20:00
Vox Luminis & Lionel Meunier
Ein Deutsches Barockrequiem
9 Apr.'25 - 20:00
Le Poème Harmonique
Purcell: Dido and Aeneas
15 Juni'25 - 19:00
Los Angeles Master Chorale & Peter Sellars
Music to Accompany a Departure
Bozar Maecenas
Prince et Princesse de Chimay · Monsieur et Madame Betrand Ferrier · Barones Michèle Galle-Sioen · Monsieur et Madame Laurent Legein · Madame Heike Müller · Monsieur et Madame Dominique Peninon · Monsieur et Madame Antoine Winckler · Chevalier Godefroid de Wouters d’Oplinter
Bozar Honorary Patrons
Comte Etienne Davignon · Madame Léo Goldschmidt
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