‘SIGNAUX DE CUBA’

De par leur engagement esthétique et éthique, chacune des artistes participant à cette exposition a, au même titre que de nombreux autres acteurs, contribué à repousser les limites imposées, de façon à ce qu’à Cuba,  les femmes se sentent aujourd’hui plus libres et plus reconnues. Toutes ont envisagé l'acte de création dans sa dimension pleinement humaine, en s’appropriant les contradictions, les réflexions et les dynamiques de la société cubaine dans sa particularité mais aussi dans un cadre plus global. Certaines choisissent un langage plus poétique, intime, spirituel et existentiel. D’autres s’orientent vers une approche plus philosophique, politique, sociale ou historique. Mais toutes ont rompu avec le statut de muse inspiratrice pour devenir de véritables protagonistes de l'acte même de création.

Depuis les années 1980 jusqu'à nos jours, les différentes générations qui se sont succédées à Cuba ont compté de nombreuses jeunes artistes. La plupart des femmes dont les œuvres nourrissent cette exposition comptent parmi les meilleures artistes, femmes et hommes confondus, cela sans renoncer pour autant à leur qualité d’intuition féminine ; elles l’ont au contraire exploitée ici de façon encore plus profonde et organique. Un jour, un maître de l'expressionnisme abstrait, Antonio Vidal, m'a dit – en parlant de l’artiste Antonia Eiriz –: "Ñica était le meilleur d'entre nous". Avant de préciser: "Je dis le meilleur et non pas la meilleure, conformément à la logique machiste ". En effet, elle n’excellait pas qu’en tant que femme, elle était immense en tant qu'artiste. Je pense que cela justifie le renvoi de ces signaux féminins qui nous viennent du Cuba d’aujourd'hui.

Sachie Hernández Machín
La Havane, le 13 février 2016