‘Casa Roshell - Camila José Donoso’

Vous n’auriez jamais pu savoir que cela deviendrait votre deuxième chez vous. La caméra de surveillance montre une entrée sinistre dans une petite rue de Mexico. À l’intérieur, un éclairage disco et des tables vides. Les préparatifs sont en cours : on se rase une barbe de quelques jours, on se maquille, on se recoiffe. La caméra n’est pas pointée sur les hommes, mais sur leurs reflets dans le miroir. Il reste un peu de temps pour s’entraîner avant que la fête ne commence : marcher de manière élégante, regarder les lettres de l’alphabet  et réfléchir au type de femme qu’on aimerait être. La musique et les drinks font tomber les derniers blocages : entre hommes et femmes, homosexuels, hétérosexuels et bisexuels, entre passé et présent, réalité et fiction. Les personnes qui discutent autour des tables ou attendent devant la chambre noire sont filmées de manière à ressembler à des personnages de film, terriblement glamours, ce qui ne veut pas dire que leur histoire n’est pas réelle. La pellicule remplace parfois les images numériques, symbole des souvenirs de Casa Roshell, des spectres de tous ceux qui sont venus ici et ne se sont plus sentis seuls. Aussi petite soit l’utopie, le monde extérieur peut attendre.