Remember to turn down the brightness and mute your phone.
Dream House Quartet: Bryce Dessner - Katia & Marielle Labèque - David Chalmin
23 Nov.'24
- 20:00
Henry Le Boeuf Hall
Meredith Monk (°1942)
Ellis Island (1981)
Bryce Dessner (°1976)
Haven (2019)
Steve Reich (°1936)
Electric Counterpoint (1987)
Thom Yorke (°1968)
Don’t Fear the Light (2019)
Philip Glass (°1937)
Four Movements for Two Pianos (2008)
David Chalmin (°1980)
Particule (2018)
Eclipse (2023)
Bryce Dessner
Sonic Wires (Nocturne – Clouds) (2022)
Concert sans pause
Durée : 80’
En co-production avec Ars Musica
« Je me sens souvent comme l’enfant dans une cour de récréation qui va et vient entre deux bandes pour les faire jouer ensemble. » Ainsi s’exprime Bryce Dessner, le compositeur et guitariste américain, aussi à l’aise dans l’univers du rock que dans celui de la musique classique contemporaine. Lui-même ne voit aucune distinction entre les deux et construit patiemment une œuvre impressionnante, indifférente aux genres.
Dessner est probablement surtout connu comme membre du groupe de rock The National. Fondé en 1999, et avec Dessner à bord depuis 2001, le groupe est progressivement devenu un grand succès, ayant publié dix albums studio. Avec son frère Aaron, Dessner élabore les idées musicales de base et il finalise les arrangements. Cela a conduit à plusieurs escapades musicales : les orchestrations de Dessner sont présentes sur des albums d’artistes comme Paul Simon, Bon Iver et Taylor Swift. Sa formation classique s’avère ici particulièrement précieuse.
Dessner a commencé sa vie musicale comme flûtiste. Cependant, ce n’est qu’après être passé à la guitare qu’il a composé ses premières œuvres, d’abord pour lui-même. Il a poursuivi ses études musicales à Yale, où il a été complètement captivé par la composition. Dessner a improvisé avec Clogs, un ensemble atypique qu’il a cofondé, comprenant basson, violon, alto, percussions et divers instruments à cordes. Il a également joué avec Bang on a Can, collaboré avec les pionniers du minimalisme – Reich, Glass et Riley – et interprété des œuvres de postminimalistes comme Michael Gordon et David Lang.
Dans son travail de compositeur, les collaborations sont également essentielles pour Dessner. Il rejette radicalement l’idée du « compositeur solitaire, génial, qui écrit seul dans sa chambre », citant l’histoire comme référence : les compositeurs jouaient leur propre musique, improvisaient et laissaient de la place aux musiciens. Dessner n’entre donc jamais dans une répétition avec une partition qu’il veut voir interprétée exactement comme elle est écrite. Il laisse toujours de la place à la collaboration. Dessner fait des allers-retours avec l’interprète sur l’œuvre en cours de création et l’écrit souvent sur mesure pour ce dernier.
Ainsi, pour son Concerto for Two Pianos (2017), Dessner a travaillé en étroite collaboration avec les sœurs virtuoses Katia et Marielle Labèque. Depuis, il est devenu proche des deux sœurs et forme même un quatuor avec elles : le Dream House Quartet. Cette formation unique explore depuis 2018 la combinaison sonore exceptionnelle de deux pianos et deux guitars électriques, jouées par Dessner et David Chalmin. Le quatuor propose des œuvres (post)minimalistes captivantes : de Glass et Reich à des compositions des deux guitaristes eux-mêmes. Dream House Quartet élargit également son répertoire avec des œuvres de Meredith Monk et Thom Yorke, entre autres.
Dans Haven (2019), un court motif se déploie, répété de manière obsessionnelle par les deux guitares. Les pianos accentuent une pulsation régulière avec une note répétée et ponctuent la musique avec des basses avant de s’intégrer dans le développement motivique. Subtilement, Dessner fait dérailler le rythme et l’interaction : les parties de piano et de guitare s’éloignent peu à peu, puis la texture change soudainement : une ligne de basse ascendante du piano l'annonce, puis de doux trilles dominent et les deux pianos sont au premier plan de la texture musicale. De manière inattendue, Dessner réintroduit le motif d'ouverture, après quoi la pièce s'interrompt brusquement.
L'œuvre postminimaliste Haven sonne aux côtés de l'emblématique Electric Counterpoint (1987) de Reich. Ce n’est probablement pas une coïncidence. Reich a eu une influence décisive sur le jeune Dessner, qui qualifie cette œuvre pour guitare de véritable expérience « transformatrice » : « C’était une manière d’utiliser des guitares électriques bruyantes dans une musique artistique finement conçue. » Electric Counterpoint, et en particulier le troisième mouvement, résonne fortement dans Haven, avec sa forte pulsation rythmique et son motif obstiné.
Malgré une forte influence postminimaliste, l’œuvre classique de Dessner ne se laisse pas aisément enfermer dans une seule catégorie. Des influences de blues et de musique folklorique américaine apparaissent ici et là, et l’immédiateté de sa musique reflète son expérience dans le rock. Le concis Nocturne, écrit pour Dream House Quartet, ressemble presque à une chanson rock ‘sans paroles’. Par ailleurs, Dessner dialogue souvent avec l’histoire de la musique classique occidentale. Dans son quatuor à cordes Le Bois (2019), par exemple, il s’inspire de Sederunt Principes de Pérotin, emboîtant ainsi le pas à Reich qui a rendu hommage au compositeur médiéval dans Proverb (1995). Dessner souligne également l’importance du timbre dans son travail, faisant référence aussi bien à la musique concrète instrumentale d’Helmut Lachenmann qu’à l’utilisation expérimentale de la guitare par Lou Reed et Sonic Youth. « Ce n’est plus une question de notes, mais de résonance de la corde, de l’énergie fascinante d’un ampli, de feedback », explique Dessner. La fin de Nono Spirals, un extrait de Sonic Wires (2022), illustre cette expérimentation : Dessner déforme soudainement le son des deux pianos et des guitares grâce à des effets électroniques, effaçant progressivement leur timbre analogique. Un élément marquant de son œuvre est également une forte pulsation rythmique – « J’aime explorer comment les musiciens interagissent avec une pulsation » – un aspect que Dessner ramène à l’interprétation de la musique (post)minimaliste.
Ainsi, le Concerto pour violon (2021) démarre sur les chapeaux de roues : le violon s’élance dans un flux ininterrompu, entraînant l’orchestre dans son énergie débordante, avec des interjections souvent brèves mais très colorées. Ce n’est qu’après presque quinze minutes que la motorique inlassable du violon s’arrête complètement, permettant à Dessner d’explorer minutieusement les harmoniques de l’instrument, créant un moment de calme. Ce calme se répète à la fin de la deuxième partie avec une séquence encore plus introspective : l’orchestre joue une pédale harmonique, tandis que le violon offre un solo poignant et dépouillé. Dessner a trouvé son inspiration pour cette œuvre dans l’essai The Anthropology of Water d’Anne Carson, qui réinvente un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant la composition, Dessner a perçu une analogie entre l’écriture de ce concerto et un pèlerinage : d’autres pèlerins musicaux avant lui ont laissé des œuvres iconiques, selon le compositeur. Bien que des éléments dramaturgiques traditionnels du concerto soient présents, Dessner les détourne également. Par exemple, dans le premier mouvement, les cordes accompagnent souvent le soliste à l’unisson, un matériau qui devient un tissu polyphonique dans le deuxième mouvement, où chaque instrument joue une solo, renversant ainsi les rôles traditionnels entre le soliste et l’orchestre.
Le Concerto pour piano (2023) témoigne également d’une énergie inépuisable. Dessner a composé cette œuvre pour la pianiste Alice Sara Ott et l’a dédiée à sa sœur Jessica, chorégraphe et danseuse, dont le travail et la vie ont également servi de source d’inspiration. La première partie baigne dans l’atmosphère d’une danse baroque : la ligne de basse forme la mélodie centrale, tournoyant comme un continuo baroque, tandis que les motifs d’ostinato légers de la main droite suivent l’arc d’un danseur. Après une deuxième partie méditative, Dessner reprend l’idée de la danse dans un final virtuose, où des passages lyriques plus lents alternent avec des sections intenses et joyeuses.
« NOT ALLOWED TO DO THIS. », est une phrase que Dessner s’envoie souvent par e-mail en cours de composition. On entend un Dessner bien différent dans St. Carolyn by the Sea (2011), une œuvre pour orchestre et deux guitares électriques, inspirée par Big Sur de Jack Kerouac, icône de la Beat Generation. Dessner y explore des textures où les guitares s’intègrent subtilement à l’orchestre. Sur des pédales longues des cordes, les guitares font leur entrée avec un matériau simple. Des violons agités et des glissandos descendants annoncent une nouvelle section. L’introduction atmosphérique cède alors la place à des rythmes syncopés (des guitares), des parties de percussions marquées et un jeu intrigant de dynamique et de timbre, où les guitares se mesurent à l’orchestre. Dessner conclut cette œuvre de manière triomphante.
En plus de son activité de musicien et de compositeur, Dessner est également actif en tant que curateur. En 2006, il a fondé le MusicNOW Festival, dédié à la musique contemporaine. À la demande de Bozar, Dessner a conçu une soirée unique et invité plusieurs de ses collaborations musicales favorites. On y entend une fusion fluide des genres dans cette performance exceptionnelle : avec des chansons de This Is the Kit et Mina Tindle en arrangements pour cordes, ainsi que des sélections des quatuors à cordes de Dessner, notamment le captivant et fortement rythmique Impermanence (2020), écrit pour le spectacle de danse éponyme de Rafael Bonachela.
Cedric Feys
Dream House Quartet
Le Dream House Quartet a été fondé en 2018 et se compose des pianistes de renom Katia et Marielle Labèque, en duo au piano, accompagnées des célèbres compositeurs-guitaristes Bryce Dessner (The National) et David Chalmin (Innocence, la terre invisible). Ensemble, ils interprètent des commandes radicales de compositeur·ices visionnaires ainsi que des oeuvres contemporaines cruciales des cinquante dernières années. Ils ont présenté leur premier projet en 2019 à la Philharmonie de Paris avec l'invité Thom Yorke (Radiohead), suivi d'une tournée internationale. La seconde moitié de ce projet était consacrée à la création mondiale de la composition de Yorke, Don't Fear the Light, ainsi qu'à un nouveau morceau, Gawpers, ses premières oeuvres pour les salles de concert classiques.
24 Nov.'24 - 20:00
Brussels Philharmonic & Bryce Dessner
26 Nov.'24 - 20:00
Caroline Shaw & Sō Percussion
28 Nov.'24 - 19:30
Dienne - Tyondai Braxton
30 Nov.'24 - 20:30
An Evening with Bryce Dessner
feat. Bryce Dessner, This is the Kit, Mina Tindle & Quatuor Zaïde
8 Jan.'25 - 20:00
Sinfonia Varsovia
Górecki 3
26 Jan.'25
Hyoid & Joris Lacoste
Berio - A-Ronne
26 Jan.'25 - 19:00
Sarah Aristidou & Spectra Ensemble
For Cathy
6 Feb.'25 - 20:00
Het Collectief
Morton Feldman - Crippled Symmetry
22 Feb.'25 - 20:00
Nederlands Kamerkoor & Asko|Schönberg
Liszt Via Crucis & Gubaidulina
12 Maa.'25 - 20:30
Caroline Shaw & Gabriel Kahane
30 Maa.'25 - 19:00
Patricia Kopatchinskaja, Vox Luminis & Aurora Orchestra
Dies Irae
29 Apr.'25 - 20:00
Diamanda La Berge Dramm
Bach & Glass
Bozar Maecenas
Prince et Princesse de Chimay • Barones Michèle Galle-Sioen • Monsieur et Madame Laurent Legein • Madame Heike Müller • Monsieur et Madame Dominique Peninon • Monsieur et Madame Antoine Winckler • Chevalier Godefroid de Wouters d'Oplinter
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