Sur plus de 20 mètres carrés, le tapis monumental de Kiwanga évoque le langage visuel d'Horta à travers des motifs floraux et des lignes courbes. Outre ces références formelles, le travail de Kiwanga fait également référence à l'histoire des plantes et aux relations de pouvoir. Dans son approche basée sur la recherche, elle se concentre souvent sur des histoires marginalisées ou oubliées. Son travail aux multiples facettes explore les relations entre les récits historiques et les systèmes de pouvoir et prend forme dans des matériaux significatifs.
Kiwanga élabore ce qu'elle appelle des « stratégies de sortie », des œuvres qui invitent le visiteur à regarder les choses sous différents angles et à trouver des moyens d'aborder l'avenir différemment. À travers ses créations, Kapwani Kiwanga nous donne à réfléchir sur notre relation avec l'environnement et expose de manière poétique des histoires oubliées et des relations de pouvoir perturbées.
Des fleurs chargées d’histoire
Pour Rootwork, Kiwanga a plongé dans les archives du Jardin botanique de Meise. Les plantes représentées sur le tapis ont été choisies par l'artiste en raison de leur rôle dans l'histoire entre la Belgique et la région congolaise. La liane à caoutchouc rappelle l'exploitation et la commercialisation des ressources naturelles, tandis que la fleur de baobab évoque, entre autres, l'importance du lien social. Les deux espèces ont des propriétés pharmacologiques et font le lien avec la Belgique et le roi Léopold II.
« Le point de départ est une réflexion sur la botanique et sur la façon dont les plantes sont des partenaires de l'histoire humaine, en tant que témoins d'événements historiques ou en tant qu'alliés dans une quête de libération. »
À propos de l’artiste
Kapwani Kiwanga a étudié l'anthropologie et les sciences religieuses à la McGill University de Montréal, au Canada. Elle a suivi le programme « La Seine » de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, puis celui du Fresnoy – Studio national des arts contemporains de Tourcoing. Ses films ont été nominés deux fois aux BAFTA et elle a remporté plusieurs prix dans des festivals internationaux. Elle a notamment reçu le Frieze Artist Award et le Sobey Art Award en 2018, le Prix Marcel Duchamp en 2020 et le Zurich Art Prize en 2022. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier et sont mondialement respectées. Outre Bozar, en 2023, elle a également été exposée au Kunstmuseum Wolfsburg, au CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux et, en 2024, au Remai Modern Saskatoon et à la Fundação de Serralves à Porto. Elle représentera également le Canada à la Biennale de Venise en 2024.