Giovanni Bellini

Ferdinando Valdambrini (fl. 1646–7)
Battaglia

Bellerofonte Castaldi (c. 1581 – 1649)
Hor lieto meno i giorni e l'hore

Ferdinando Valdambrini
Passacaglia Quinto

Francesco Corbetta (± 1615 - 1681)
Suite del Terzo Tuono

Angelo Michele Bartolotti (1615 - (?)1685)
Suite per la A

• Prelude
• Allemande 
• Courante 
• Sarabande 
• Gavotte

Ferdinando Valdambrini
Capona Quarto

Durée: +/- 1h

La guitare baroque en Italie

Giovanni Bellini nous emmène dans les cours italiennes et françaises du XVIIe siècle, où la guitare baroque jouissait d'une grande popularité. Cet instrument maniable supplantait de plus en plus le luth (et sa complexité) et était utilisé à la fois en solo et pour accompagner des danses. Les guitaristes-compositeurs de l'époque étaient donc très recherchés et voyageaient souvent d'une cour royale à l'autre. Même le Roi-Soleil s'aventurait régulièrement à danser au son de la guitare. Bellini fait revivre cette époque à travers une sélection captivante de musique italienne pour guitare baroque.

L'essor de la guitare baroque remonte à l'Espagne du XVIe siècle, à une époque où le luth s’épanouissait au plus haut point partout ailleurs en Europe. En Espagne, la guitare baroque avait été précédée par la vihuela, un instrument à cordes pincées particulièrement apprécié par la noblesse. C'est à partir de ce type d'instrument qu'est née la guitare baroque (guitarra española), décrite pour la première fois par Juan Bermudo dans sa Declaración de instrumentos musicales en 1555. La plupart des guitares baroques possédaient cinq cordes, ce qui signifie qu'il y avait cinq chœurs de deux cordes en boyau (bien que la cinquième corde, la plus aiguë, était généralement simple). Ces paires étaient accordées à l'unisson (le même ton) ou en octaves et étaient jouées comme une seule corde. Depuis l'Espagne, la guitare baroque s'est répandue dans toute l'Europe. Elle a d'abord trouvé son chemin en Italie, où elle était connue sous le nom de chitarra alla spagnola. Depuis l'Italie, la guitare baroque a très rapidement gagné la France, où elle est devenue très populaire à la cour de Louis XIV. Les représentations les plus connues de ce type d'instrument figurent sur le portrait d'une dame jouant de la guitare de Johannes Vermeer et sur de nombreux tableaux et dessins d'Antoine Watteau.

La guitare baroque était polyvalente : elle pouvait être utilisée pour accompagner un chanteur, au sein d'un ensemble (souvent dans le rôle de basse continue ou d'interprétation harmonique d'une ligne de basse mélodique), mais aussi en solo, grâce à sa capacité polyphonique. La musique pour guitare de l'époque était caractérisée par deux techniques de jeu différentes : d'une part, le rasgueado, ou la frappe rapide d'accords (battuto en italien), et d'autre part, le jeu à cordes pincées d'une mélodie ou d'un morceau polyphonique, appelé punteado (pizzicato en italien). Une technique particulière était connue sous le nom de campanelas (littéralement « cloches »), dans laquelle les notes mélodiques se mélangent grâce au jeu sur les cordes à vide. Le répertoire pour guitare baroque était d’une grande diversité : outre les séries de variations et les danses, on retrouvait également nombre de transcriptions de chansons.

En Italie, au XVIIe siècle, plusieurs guitaristes-compositeurs s’étaient distingués. L'un d'entre eux était Ferdinando Valdambrini, à qui l’on doit deux ouvrages consacrés à la guitare et publiés à Rome en 1646 et 1647. Écrits pour la guitare baroque à cinq chœurs, ils présentent des pièces combinant les techniques du battuto et du pizzicato. La plupart des œuvres font appel à des formes vocales et dansantes typiquement italiennes, telles que la capona. Une battaglia évoque une bataille ou une lutte en musique par le biais d'imitations sonores et de contrastes marqués. Quant à la passacaille, il s’agit d’une forme baroque typique, dans laquelle de nouvelles mélodies sont constamment récitées sur un motif de basse récurrent.

Francesco Corbetta, né à Pavie, était sans aucun doute le guitariste-compositeur italien le plus influent de l'ère baroque. Après avoir travaillé pendant un certain temps comme professeur de guitare à Bologne, il entre successivement au service du duc de Mantoue et de l'archiduc Léopold Wilhelm à Bruxelles. À partir de 1654, on le retrouve à la cour française de Louis XIV. Il y interprète le rôle du guitariste dans un ballet de cour de Jean-Baptiste Lully, dans lequel le roi lui-même joue l'un des rôles de danseur. La musique de Corbetta est connue pour sa combinaison virtuose de battuta et de pizzicato. Au cours de ce processus, les accords à saisir étaient généralement indiqués par des lettres, ce que l'on appelle l'alfabeto. Corbetta rassemblait souvent ses pièces sous forme de suites, composées de danses de caractères variés.

Angelo Michele Bartolotti, né à Bologne, était un contemporain de Corbetta. Au début des années 1650, il se rend en Suède où il est nommé musicien à la cour de la reine Christine, qu’il suit dans ses pérégrinations à travers l'Europe après son abdication en 1654. En 1655, il lui dédie son deuxième livre de guitare avant de s’installer à la cour de France, où il acquiert une renommée non seulement en tant que guitariste, mais aussi en tant que joueur de théorbe. Outre la passacaille, ses œuvres comprennent plusieurs suites constituées de danses établies telles que allemanda, corente et sarabanda.