‘REPORTÉ: Mon autre et moi : histoires d’ombres et de doubles’

Par Olivier Duquenne, historien de l’art

Ce qui nous dérange le plus dans le double, c’est son incongruité. Symbole de l’altérité tapie au fond de l’être, il n’est rien de moins qu’un étranger à demeure. Et la différence entre « étranger » et « étrangeté » ne tient que dans l’espace ténu d’une syllabe. D’une façon générale, l’Autre a toujours fait peur. L’étranger est un être qu’on aime haïr avec passion. Pourtant, l’origine de ce désamour n’est pas difficile à comprendre. L’Autre que moi est un miroir déformant à l’envi. Mais le problème est qu’il donne trop à réfléchir sur notre part d’ombre. Il est la salvatrice, mais angoissante, remise en question de nos certitudes. Ainsi le mythe du double tire toute sa complexité des métamorphoses du Même et de l’ Autre. Issu du principe d’identité, il évolue ensuite vers une altérité ambiguë, à savoir ces horizons mouvants où le je n’est définitivement plus lui-même. Il est troublant de constater le nombre de vidéos, installations ou propositions conceptuelles qui font référence au thème du double ! Quelques noms : Christian Boltanski et Eric Duyckaerts. Laurie Simmons et Ugo Rondinone. Alice Anderson et Cindy Sherman. Gillian Wearing et Gilles Barbier. Friederike van Lawick et Hans Müller, etc.