‘L’INTUITION IVRE’

SCIENCE, PRATIQUES, ESTHETIQUE DE L’IVRESSE
Par SEBASTIEN BISET, historien de l’art, Chef de projet Archipel

Une réflexion et une ode à l'ivresse – multiple et diverse. En quoi l'associe-t-on, presque par nature, à l'art ? N'est-elle pas déjà, en substance, esthétique ? Stimulation, exaltation de l'esprit, elle promet les ravissements de l'extase – ce sentiment océanique, cette surconscience et surprésence du monde. Il s'agit, par elle, de purger le sublime du réel, sucer la moelle de la vie, revêtir tout le monde extérieur d'une intensité d'intérêt. Tout à la fois force de transfiguration et distanciation, l'ivresse est une poétique, une beauté de situation, provisoire et vécue. Cruelle ivresse, aussi, qui se voit intensifiée par l'insoutenable intuition de la fanaison : son temps est compté. Pire : pharmacologique, elle est le remède qui veut ignorer son poison. Devenue pathologie, elle consume : elle fane la vie, elle l'oublie. Voilà l'ivresse ici chantée, au travers d'un ensemble de cas empruntés aux arts modernes et contemporains.